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En Musique, la consonance (lit. : sonner ensemble, ant. : Dissonance) désigne la cohérence ou la « lisibilité pour l'oreille » d’un ensemble de sons, accords ou intervalles entendus simultanément ou successivement.
- Pour plus d'informations sur la consonance dans le domaine de l'harmonie tonale ou harmonie classique, consulter l'article Consonance (harmonie tonale).
La consonance d'un intervalle en tant que phénomene acoustique est liée à la pureté de cet intervalle, qui peut être défini par l'absence de Battement audible ou par la correspondance des harmoniques des deux sons formant l'intervalle.
De cette notion originelle découlent :
Sur un plan purement acoustique et auditif (s'agissant d'une oreille vierge culturellement parlant), définir la consonance est aisé, cependant cela l'est moins si l'on intégre la composante culturelle qui influence beaucoup la perception des intervalles.
Histoire
Avant même la mise à jour de ces travaux en physique et en acoustique, la musique a intuitivemant défini comme consonants des
sons dont les
fréquences fondamentales sont dans un rapport arithmétique simple l'une par rapport à l'autre. C'est ainsi que les intervalles purs d'
octave (2/1) et de
Quinte (3/2) ont toujours été considérés comme des consonances parfaites. Ce n'est que depuis le
Moyen Âge que les
tierces, majeures (5/4) et mineures (6/5), ainsi que les
sixtes sont aussi considérées comme consonances imparfaites. C'est à partir de cette époque que se dégage la théorie de l'
Harmonie, qui étudie en priorité les
accords obtenus par superposition de tierces.
Gioseffo Zarlino fut le premier à reconnaitre l'importance de la
tierce majeure comme intervalle fondateur de l'harmonie.
La musique contemporaine explorant des voies nouvelles (micro-intervalles, sons inharmoniques), des intervalles plus éloignés que les premiers rapports simples rentrent peu à peu dans le champs des consonances musicales, mais comme des consonances relatives.
Pureté ou Justesse
Il ne faut pas confondre
pureté et
justesse d'un intervalle:
- La pureté d'un intervalle est une notion objective liée à l'absence de Battement audible et à la correspondance des harmoniques.
- La justesse d'un intervalle est une notion plus subjective, liée au cadre d'une gamme, d'un contexte musical ou historique.
La confusion entre ces deux termes rend parfois difficile une bonne compréhension de certains textes anciens (par exemple chez Rameau).
Justesse, tradition et réalité
Si le rapport mathématique de l'intervalle joué sera le plus proche possible d'un rapport simple tel qu'exposé plus haut, une oreille musicienne éduquée ne fonctionnera pas uniquement en rapport à une réalité physique intangible tels que ces rapports simples, mais aussi par mimétisme de la musique qui l'entoure. Ainsi, un milieu musical pourra ne pas avoir la même définition de la tierce qu'un autre, pourtant similaire. Ainsi, dans le systeme occidental du
tempérament égal, la tierce majeure tempérée est considéré comme consonante... alors que dans le systeme indien, l'intervalle équivalent à cette tierce sera plutôt consideré comme dissonant, car dans ce systeme subtil, il y a un autre intervalle trés proche, la tierce pure (5/4), qui sera elle considerée comme consonante.
On peut remarquer des différences légères d'intonation entre deux orchestres jouant à la même époque. Un grand soliste remarquable (type Pablo Casals) pourra également introduire (sciemment dans son cas) de nouveaux types d'intonation. Le fait d'évaluer s'il joue « juste » ou « faux » ne tient nullement à des critères objectifs, mais seulement à l'acceptation de son génie, à son droit de cité, pourrait-on dire. Même si Pablo Casals représente certainemnent un cas extrême, d'autre musiciens peuvent avoir joué un rôle non négligeable, par le biais des écoles d'instruments, dans l'évolution de la justesse pratique, telle qu'elle est connue à l'heure actuelle.
D'autre part, les traditions extra-européennes ou traditionnelles peuvent avoir des références qui tiennent aux caractéristiques acoustiques d'instruments traditionnels. Ainsi, le Cor des Alpes utilise uniquement la série des harmoniques naturels pour jouer ses mélodies, et bien que ces intervalles soient unanimement considérés comme « faux » par des musiciens classiques (en particulier le fameux harmonique de rang 7, inutilisé ailleurs dans la musique occidentale), ils n'en constituent pas moins une référence utilisée par les habitants de ces vallées pour le chant (peut-être faudrait-il en parler au passé ?).
Consonance acoustique des intervalles
Étude Physique
La théorie de la consonance fut étudiée au
XIXe siècle par le physicien Hermann Ludwig von Helmholtz à partir du phénomène de
Résonance. Hemholtz utilisait des sphères creuses (appelées depuis résonateurs d'Helmholtz) munies de deux cols courts tubulaires diamétralement opposés. Lorsque le son contenait un
Harmonique de
Fréquence égale à la fréquence de résonance de la cavité du résonateur, ou voisine de celle-ci, cet harmonique était amplifié ce qui permettait de l'isoler. Grâce à une série de résonateurs de ce type, Helmholtz put déterminer l'intensité des harmoniques d'un son naturel. Dans sa
Théorie physiologique de la musique, Helmholtz développa l'idée que la consonance d'un intervalle était d'autant plus grande que les
battements entre harmoniques proches l'une de l'autre étaient peu rapides.
Consonance et acoustique
On peut définir la consonance par l'état dans lequel la sonorité d'un
intervalle musical montre le moindre trouble, ou encore le minimum d'effet sonore — état de
pureté acoustique. Il est facile de constater que cet état ne peut être atteint que lorsque les deux sons sont dans un rapport simple de fréquences. Par exemple, si le rapport entre les vibrations de deux sons est de 3 à 2 (soit 3/2), on entendra une
Quinte, si le rapport est de 5 à 4 (soit 5/4), ce sera une
tierce, etc. Si ce rapport n'est pas très exactement précis, des perturbations se produiront dans la sonorité, et la sensation de perdre cette pureté acoustique, qui est un phénomène acoustique remarquable, sera vive.
Pureté et battements
La pureté d'un
intervalle est définie par l'absence de
Battement audible (ou par le battement le plus faible possible, voir la
tierce) (notion de
minimum d'effet sonore). Cela peut se produire seulement si les deux notes sont dans un rapport de fréquence simple :
- Le rapport le plus simple est l'octave (2/1), et la consonance est si parfaite que l'on peut souvent douter de la présence de deux notes. En effet, tous les harmoniques de la note du haut sont déjà présents dans la note du bas.
- La Quinte (3/2) est l'intervalle distinct le plus consonant, c'est pourquoi il est à la base de la musique.
- La quarte est le renversement de la quinte (4/3), elle est légèrement moins consonante.
- La tierce majeure pure est d'un rapport 5/4, tandis que la tierce pythagoricienne d'un rapport 81/64, n'est pas pure, sa "consonance" étant très éloignée du rapport naturel 5/4. La tierce majeure du tempérament égal est d'un rapport , qui est un peu moins éloigné du rapport naturel 5/4 (voir : Justesse des tierces).
- pour les intervalles suivants, il devient difficile de parler de pureté, un battement relativement audible subsistant toujours, même pour des rapports simples rigoureux tels que 6/5 (tierce mineure) et 9/8 (ton majeur).
Néanmoins, une autre considération entre en ligne de compte : la proximité du rapport de l'intervalle avec un rapport simple. On peut reconnaître que la consonance stricte (= pure) est en fait présente, mais altérée, et cela donne naissance au Battement, qui est presque imperceptible si le rapport est proche. La conjonction des deux sons d'un intervalle produit également le phénomène du son différentiel, troisième son dont la fréquence est la différence de fréquence des deux sons de l'intervalle.
Les harmoniques et les intervalles les plus simples
L'
Harmonique le plus simple d'un son de fréquence F est 2xF soit l'
octave, dont la fréquence est double de la fondamentale (il est appelé harmonique "de rang 2").
Pour les intervalles qui suivent, le principe d'équivalence des octaves nous permet de ne considérer que les harmoniques dont la fréquence est comprise entre la fréquence fondamentale F (souvent notée f0) et celle de l'octave supérieure 2xF.
La fréquence 3xF sera ainsi « ramenée » dans l'intervalle 1 à 2, en la divisant par 2, c'est-à-dire en descendant d'une octave pour obtenir la fréquence Fx3/2. Cet intervalle, correspondant à un rapport de fréquences 3/2 ou 1,5, est le plus simple après l'octave, et a une importance primordiale dans la musique occidentale. On l'appelle l'intervalle de « Quinte ».
Les musiciens de l'Antiquité et du Moyen Âge considéraient que seuls étaient « consonants » c'est-à-dire parfaitement harmonieux, les intervalles d'octave et de quinte.
L'octave étant l'intervalle entre deux notes dont le rapport est 2/1, et la quinte, l'intervalle entre deux notes dont le rapport est 3/2, l'intervalle qui les sépare correspond à un rapport de 4/3 nommé « quarte » :
- (2/1) / (3/2) = 4/3 ---> Octave - Quinte = Quarte
Ainsi la quarte est le "Renversement" de la quinte, car elle est le complément de celle-ci par rapport à l'octave : Quinte + Quarte = Octave ( (3/2) * (4/3) = 2/1 )
L'intervalle entre la quinte et la quarte correspond au rapport de fréquences 9/8 nommé « ton majeur » ou « seconde majeure » :
- (3/2) / (4/3) = 9/8 ---> Quinte - Quarte = Ton majeur
La consonance affectée par l'inharmonicité
La pureté d'un
son musical (ou plus précisément de son timbre) est elle aussi définie par une consonance, celle des harmoniques qui le constituent entre eux. Là aussi, un battement peut apparaître si le son n'est pas pur. Cette altération de la pureté du timbre se mesure par l'
Inharmonicité. Les instruments de musique sont généralement très peu inharmoniques.
Le Piano est connu pour son inharmonicité, surtout dans le cas des pianos droits, ce qui conduit à des aménagements du système d'accord (écartement des octaves), que Serge Cordier a théorisé dans son Tempérament égal à quintes justes.
Les cloches sont très fortement inharmoniques, mais dans une telle proportion que cela permet de retrouver d'autres consonances, ce qui constitue tout l'art du Fondeur de cloches.
Notes
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes